Trail de Bourbon

Publié le par esprit-des-elfes

Le Trail de Bourbon, anciennement le semi-raid de la diagonale des fous, ça y est j'ai un dossard... Houaou !!! Je ne sais pas comment je vais vivre ça de l'intérieur mais une chose est sûre, j'en prendrai plein les yeux et plein les jambes !

Parcour Bourbon

La première difficulté sera de gérer le sommeil car l'avion atterrit  le vendredi matin pour un départ du trail  le samedi à 4 h du mat. L'avion étant le pire endroit pour rencontrer Morphée, je prend un cachet qui aura bien du mal à me faire tomber dans ses bras. Je n'aurais dormi que 4 h par intervalle de 8 min toutes les 5 secondes :-) bref je fractionne !

Mon cousin Charley m' accueille vers 8h30 à l'aéroport Rolland Garos à Saint Denis de la Réunion... Ça y est j'y suis ! 

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Pas de tourisme de prévu aujourd'hui, un repas,  une sieste de 4h l' après midi, puis le repas du condamné vers 21h30  et déjà l'heure de prendre la route vers Cilaos et ses 400 virages arrivent (420 en vérité). 

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Nous arrivons au stade de Cilaos à 1400 m d’altitude, où sera donné le départ, vers 1h00 du mat'. Seuls quelques bénévoles sont présents. Je retire mon dossard et le bracelet électronique, puis nous entamons une longue attente dans la voiture. Bercé par le croassement des grenouilles du plan d'eau, je m'assoupis... 3h10, j'ouvre les yeux, c'est plein de monde partout, je m' habille et je demande à des coureurs locaux s’il fera froid au sommet à 2500 mètres, ils me répondent que oui, qu’il fallait se couvrir !  

Je pars à la vérification du matériel obligatoire, la file d’attente est énorme ! On ne partira pas à 4h00, c’est certain ! L’heure approche, les inspections de sac sont de plus en plus rapides et pour finir deviennent inexistantes ! Mais rien de bien grave, le plus gros du paquet a été filtré !

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 Me voilà dans l'arène ! 1577 trailers se sont amassés devant les grilles du stade, prés à en découdre ! La tension monte, nous sommes littéralement tassés les uns aux autres, j’ai l’impression de prendre le départ d’un 10 000 m ! Les grilles s'ouvrent, ça part dans tous les sens, des furies mais nous voilà arrêtés au bout de 50 m... ben oui, c’était pas le vrai départ, on s’est tous fait avoir ! Nous sommes en pleine rue, moins tassé du coup. Après nous avoir donné les derniers conseils, le départ (le vrai) est donné, il se passe quelques secondes avant de pouvoir bouger, les concurrents sont très excités et encore bien fougueux, il faut éviter les chutes et les voitures avant de voir le peloton s’étirer au grès d’un long faux plat.

Je remonte progressivement pour retrouver le groupe de tête, seul un homme a déjà quelques foulées d’avance et bientôt il disparaît de notre champ de vision.

2 km plus loin il est arrêté sur le bord du chemin, pause pipi déjà... il remballe le “matos” et hop redisparait,  Impressionnant !!!

De mon côté je ne m’emballe pas, après 8.5 km de chemin roulant et de route nous sommes à la mare à Joseph, au pied de la première difficulté, qui nous mènera de 1400 m à 2484 m d’altitude à la Caverne Dufour qui est le gite du Piton des Neiges.

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La montée se passe tranquillement, je suis seulement accompagné de ma lampe frontale et du bruit que font les m&m’s (le lien est très intéressant !) dans la poche avant de mon sac, d'ailleurs je vais en manger 3 ou 4 !

Bon plus je grimpe et plus il fait chaud, 5h20, je réalise que les Réunionnais doivent avoir froid quand il fait moins de 20 degrés, c’est pour ça qu’ils me disaient de me couvrir ! Le soleil commence à pointer, les paysages se découvrent et s’illuminent, c’est juste magique ! J’arrive sur la crête, le coteau Kerveguen où l’on domine la forêt de Bébour noyée sous les nuages, seuls les sommets dépassent et semblent flotter sur ce tapis de coton blanc.

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Le sentier du coteau n’est pas de tout repos, technique et boueux il amène au 1er ravitaillement au gîte au km 13.1 où je passe 8ème en 2h12 min de course avec déjà 12 min de retard sur la tête ! Impressionnant Mr pipi !

 Maintenant qu’on est là haut, il va falloir redescendre ! Et pas qu’un peu, il faut rejoindre le village de Hell Bourg dans Salazie 1500 mètres plus bas.

Pour ma part ça ne va pas être une partie de rigolade, c’est hyper technique, glissant, gras, des racines dans tous les sens, bref je prend très cher dans cette descente, je perd beaucoup de temps et de place. C’est long, les Réunionnais me passent comme des cabris...patience Aurélien... Je compte mes gadins, 1 et 2, mes places perdues... 8ème en haut et 12, 15, 21, 24 ème en bas au ravitaillement de Hell Bourg au km 22.4 et au bout de 3h26 min de course.

A ce moment là j’avoue qu’un doute traverse mon esprit ! Si toutes les descentes sont comme celle-ci je suis mal !!!

Dans Salazie, une fine bruine tombe mais la chaleur est présente, j’en profite pour enlever une couche et seulement garder le tee shirt “obligatoire” de l’organisation.

Au ravitaillement l’ambiance est énorme, nous sommes acclamés par les spectateurs, un groupe de musique assure l’ambiance, ça fait chaud au coeur !

Je remplis la poche d’eau avec un mélange de coca et d’eau, mange une poignée de raisin sec, je goûte un verre de dina malt (boisson énergétique locale) mais je m'arrête à la première gorgée car c’est assez spécial...

Je reprend la route un peu déçu de ma descente en direction de grand sable et du sentier scout qui nous fera basculer dans Mafate. Le terrain a changé, la poussière est omniprésente, le changement de cirque implique un changement de micro-climat, c’est bluffant de passer de l’un à l’autre en si peu de temps.

SENTIER SCOUT

Je n’ai pas beaucoup de souvenir de cette section à part le passage sous le tuyau d’arrosage pour se rafraîchir et la traversée du sentier scout sur une crête vertigineuse. Je reprend du monde, le rythme est régulier, allez hop encore quelques m&m’s.

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A sentier scout, je pointe 9 ème en 5h43min.

Il est temps de rejoindre le coeur de Mafate en son petit Ilet (village) de Aurére, une longue descente un peu moins raide que la première mais surtout beaucoup plus sèche nous y amnera. Je suis beaucoup plus à l’aise que dans Salazie, du coup je ne vais perdre qu’une place et prendre une belle buche pour le fun ! Le ravitaillement se situe dans l’école de Aurére, deux petites cabanes en bois cernées de fleurs, j’aurais peut être été meilleur à l’école là-bas ! c’était super mignon et toujours ces groupes de musique pour nous accueillir ! Pfiou quelle ambiance ! 

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Je pointe 10 ème en 6h52 au km 48.

Aurére nous mènera ensuite au point le plus bas de Mafate, à la rivière des galets à 250 m d’altitude. Nous sommes entourés d'immenses murs de plus de 700 m, par conséquent la chaleur est bien présente, heureusement que plusieurs traversées de la rivière me permette de me rafraîchir et de boire avant d’entamer la montée vers dos d’âne, un mur de 695 m à monter en plein soleil avec des passages d’échelles et des pourcentages sévères. La soif se fait sentir et la montée est assez pénible, je suis à sec de m&m’s, bref il va me falloir un ravitaillement ! Une fois le sommet franchi il faudra trotter encore 3 km pour trouver le ravitaillement de Deux Bras où je serai pointé en 9 ème position en 7h44 pour 60.6 km d’avalé.

A partir d’ici, je n’ai plus de souvenir et c’est le trou noir du km 60.6 au km 70.7 à la Possession, j’explique cela certainement à cause d’une petite hypoglycémie, j’ai perdu du rythme et j’ai du m’auto-digérer un bout de cerveau pour continuer ! Et les souvenirs avec ;-)

Je reprend donc à la Possession, un très gros ravitaillement où l’on rejoint les coureurs de la Mascareigne et du grand Raid, par conséquent beaucoup de monde.

Je me faufile jusqu’au pointage où l’on me signale ma 9 ème position en 10h46 puis grignote une banane, des raisins et des petits sandwichs salés bienvenue mais dur à avaler ! Je reprend la route, nous sommes à seulement quelques mètres du littoral et nous longeons la route durant un bon kilomètre.

Le moral est au beau fixe par contre je suis juste physiquement, je n’arrive pas à me refaire une santé...Mais voilà que j’aperçois mon cousin Charley accompagné de mon oncle Yves au loin. J’arrive à sa hauteur et là je découvre un superbe poulet grillé, tout ce dont je rêvais !!! Merci mon cousin !!!

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J’arrache une cuisse et repart en marchant avec mon cousin qui m’accompagne, ça fait un bien fou, l’apport en sel et peut être aussi en protéine me redonne un véritable coup de fouet juste à l’entame du fameux sentier des Anglais.

Je reprend rapidement les deux concurrents devant moi pour accrocher la 7 ème place sur ces pavés désordonnés. Ce qui me fera pointer en 12h00 à Grande Chaloupe. Il reste 16 km et 700 D+ ça sent bon la maison !

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Le fait de rattraper des concurrents des autres courses est un plus moralement, surtout qu’il y a souvent quelques mots d’encouragement. La dernière difficulté avalée, me voilà à Colorado, ce ravitaillement surplombe Saint-Denis. Je suis toujours 7ème mais je crains un retour des poursuivants dans la dernière descente, j’avale donc rapidement quelques bouts de jambon, un coca, quelques blagues avec les bénévoles et en route pour l’arrivée.

Cette dernière descente est technique dans des rochers souvent instables mais bizarrement je ne chipote plus et je me surprend même, dans cette ultime difficulté, à prendre de la vitesse et du plaisir.. Il est souvent compliqué de doubler les concurrents sur ce mini single où la politesse est de rigueur pour se freiller un chemin. Les derniers hectomètres sont roulants, l’adrénaline me pousse à 17 km/h, je ne sent plus mes jambes, plus de douleurs ni de sensations de faim, je suis léger. Le stade est là, plein de monde c’est émouvant.

Je passe donc la ligne en 7 ème position en 14h38 min et premier “Zoreille” (métropolitain).

Heureux et affamé. Il est maintenant temps de faire la fête au rougaille saucisse que Charley a préparé ! De quoi requinquer un homme mort !

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L’ambiance et la beauté du parcours sont les maîtres mots pour résumer ce trail très engagé techniquement et physiquement. 

J'espére dire à bientôt à cet belle île !

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M
En plus de tes talents de sportif tu a des talents de conteur ,j'aurai aimer être avec Charley et Vivou pour t'appplaudir félicitation pour ton exploit. Bisous. Michel.............
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E
<br /> <br /> Merci tontonn en ecrivant gros et avec plein de photo il y a de quoi faire un bouquin ! lol<br /> <br /> <br /> <br />
M
Salut Aurel, ravi de t'avoir vu sur place.<br /> Encore bravo pour ta course et ce récit qui nous permet de bien comprendre les différentes étapes de ta course.<br /> <br /> A bientôt sur les chemins ^^
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E
Bravo a toi aussi Mathieu !!!
J
Quelle belle course et quel beau récit. Félicitations pour tout celà qui nous fait faire un très beau voyage.Ne deviens tu pas le HULOT des montagnes ?<br /> Joelle de MONTSOULT.
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E
Bonjour Joëlle, c'est vrai que le Trail permet d'en prendre plein les yeux, c'est ça Qué bon doudou :-)
D
Bravo pour ta belle course! Merci pour ton résumé qui me rappelle quelques souvenirs de ma participation en 2004. Bises, à bientôt<br /> didier
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E
Oui a très vite mon Didier !
C
Ça donne envie tout ça !!! Surtout le rougail saucisse...
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E
Le rougaille...hmmmm